By Bloodberry Jam
"There's fennel for you, and columbines:
there's rue for you; and here's some for me:
we may call it herb-grace o' Sundays:
O you must wear your rue with a difference.
There's a daisy:
I would give you some violets,
but they withered all when my father died:
they say he made a good end. "
Hamlet, Shakespeare
Bien que ce discours d'Ophelia nous semble aujourd'hui pur produit de sa folie doucereuse, certains affirment qu' il s'agit là de la preuve que la jeune fille n'ignore pas qu'Hamlet, son amant, est l'assassin de son père. En effet, si le langage des fleurs est aujourd'hui méconnu de la majorité, il n'en était pas de même du temps de Shakespeare.
Le fenouil ("fennel") était en effet symbole de fausse flatterie et d'hypocrisie, référence, probablement, au fait qu'Hamlet ait violemment repoussé Ophelia dans une scène précédente alors qu'il l'avait courtisée. De même, l'ancolie ("columbine") était associée à l'ingratitude, et la rue ("rue") au repentir; voilà qui exprime clairement la trahison dont elle pense que son père a été victime. La marguerite ("daisy"), seule ("There's a daisy") symbole d'innocence et du pureté, fait tache dans ce bouquet de fleurs aux connotations négatives, à l'image d'Ophelia dans le monde corrompu de la pièce. Pour finir, la jeune fille explique que les violettes ("violets"), fleurs représentant la loyauté, sont mortes avec son père. Ce discours au premier abord insensé pourrait donc être l'expression d'une trahison. Il y aurait-il un aspect méthodique dans cette folie ?
Plus que les côtés "personnage tragique" et "noyée" auxquels on l'assimile souvent, c'est cela qui me fascine dans le personnage d'Ophelia: cet aspect contemplatif, un peu elfique, à la fois innocent et terriblement accusateur. Etant en grande phase de "on jette tout et on recommence", je recycle mes poupées, et en profite pour incarner (implastiquer?) Ophelia, chose que j'avais envie de faire depuis longtemps. Je compte m'inspirer de cette atmosphère féérique et onirique qu'elle transporte au travers de la pièce tout en respectant le tragique du personnage, en utilisant à mon tour le langage des fleurs en photo afin de crypter des bouts de son histoire.
C'est Heidi, ma Pullip Anne Shirley, qui s'y collera. Elle n'aura pas à subir de ravalement de façade dans la mesure où son maquillage simple et ses taches de rousseur me semblent aller au personnage. Cela dit, elle attend une nouvelle wig et de beaux yeux vitreux.
Je pense rester dans une vision très colorée du personnage à l'opposé d'une vision ultra-tragique à la Millais -du moins graphiquement- dans la mesure où sa folie a, selon moi, quelque chose de vif, de joyeux même. Je compte également moderniser un peu le tout.